Discours d’Ernest Mandel à Lisbonne
Publié dans la revue Quatrième Internationale n°15, juin 1974.
(Extraits du discours prononcé par le camarade Mandel, au nom de la IV ème Internationale et de la Liga communista internacionalista du Portugal, au meeting unitaire de l’extrême-gauche du 19 mai, devant un public de plus de 2.500 personnes. Le discours a été intégralement publié par la presse démocratique de Lisbonne).
  • (Extraits du discours prononcé par le camarade Mandel, au nom de la IV ème Internationale et de la Liga communista internacionalista du Portugal, au meeting unitaire de l’extrême-gauche du 19 mai, devant un public de plus de 2.500 personnes. Le discours a été intégralement publié par la presse démocratique de Lisbonne).

    C’est une grande joie pour les révolutionnaires de ma génération de pouvoir parler à Lisbonne libérée du fascisme, après avoir assisté à la chute de Hitler et de Mussolini. Il se confirme, encore une fois, que l’histoire de ce siècle ne va pas dans la direction de la barbarie fasciste, mais vers le socialisme et le communisme. Cela annonce aux tortionnaires et bourreaux de nos frères chiliens et brésiliens qu’ils connaîtront le même sort que la Gestapo a connu et que connaît aujourd’hui la PIDE

    Ce n’est pas un hasard si la lutte de libération des peuples de Guinée-Bissau, Mozambique et Angola a donné une contribution décisive à la chute du fascisme au Portugal.

    Pendant 20 ans, le centre de gravité de la révolution mondiale s’est transplanté des pays occidentaux vers les pays d’Asie, Afrique et Amérique Latine. Ils ont contribué, pendant toute cette période de relative stabilité du système impérialiste en Europe Occidentale et en Amérique du Nord, à affaiblir le système impérialiste international, ils ont contribué à cristalliser dans les pays capitalistes avancés une nouvelle avant-garde révolutionnaire capable de recommencer, aujourd’hui la lutte pour la révolution socialiste en occident.

    Pour cette raison, comme pour les raisons historiques d’unité et solidarité internationale des travailleurs et des exploités, c’est un devoir absolu pour les ouvriers, pour les jeunes révolutionnaires en Europe occidentale, de soutenir inconditionnellement la lutte de libération des peuples des colonies...

    La bourgeoisie, en crise à cause de la guerre coloniale, (...) a cherché une issue tactique. L’irruption impétueuse des masses sur la scène politique a bouleversé radicalement ses calculs et ses plans, a modifié toute la situation, elle a obligé la bourgeoisie à s’appuyer sur les organisations réformistes, sur le parti communiste et le parti socialiste, pour essayer d’entraver l’essor des masses, pour le canaliser vers ses objectifs de collaboration de classe et soit disant « reconstruction nationale »...

    L’exemple tragique du Chili démontre que l’on ne défend pas les libertés démocratiques, que l’on n’empêche pas le retour au pouvoir du fascisme en collaborant avec la bourgeoisie. Nous devons nous souvenir de ces mots classiques du grand révolutionnaire français Saint-Just en 1789 : « Malheur aux révolutionnaires qui font une révolution à moitié. Ils creusent leurs propres tombeaux ».

    Ecoutez camarades dirigeants du P.C. et du P.S. : la seule voie pour sortir de la crise historique du capitalisme portugais est la voie de la révolution socialiste et de la construction d’un Portugal socialiste, dans le cadre des Etats socialistes ibériques et des Etats-Unis socialistes d’Europe.

    La IVème Internationale et son organisation portugaise, la Ligue communiste internationaliste (LCI), appellent à une unité d’action plus intime, plus étroite, de tous les révolutionnaires qui opposent dans la lutte de tous les jours, à la ligne des réformistes, à la ligne de collaboration de classes et de maintien du régime capitaliste et de l’Etat bourgeois, la lutte pour la révolution socialiste, la lutte pour la conquête du pouvoir par les masses d’ouvriers et de travailleurs. Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !