Après
l'explosion de mai 1968 - non seulement une contestation sociale
d'ensemble de la masse étudiante dans la plupart des pays du
monde occidental, mais encore 10 millions de grévistes en
France et 15 millions en Italie au cours de «l'automne chaud
1969» - tout semble rentrer dans l'ordre à partir de 1975-76.
La
génération de 68 semble dépolitisée, reprivatisée, réabsorbée
par l'establishment. La droite néo-libérale conservatrice
prend partout l'offensive. Non seulement l'idée du socialisme,
mais celles du progrès et de la solidarité humaine voir les mérites
de la science et de la raison, sont rejetées. Une vague
d'irrationalisme et d'obscurantisme déferle sur le monde. L'égoïsme
le plus crû, l'enrichissement privé comme but suprême de la
vie, sont remis sur le piédestal. Les vertus de l'inégalité
sont célébrées.
Toute
cette réaction d'après mai 68 a-t-elle pris fin le 17 octobre
1987, avec le krach bancaire qui annonce manifestement une grave
récession économique? Nous ne sommes pas les seuls à
l'affirmer. Cette remise en cause du néo-libéralisme
conservateur dans les faits débouchera-t-il aussi sur sa remise
en cause politique et idéologique ? Probablement.
Mais
cette remise en cause ne conduit pas automatiquement à
l'engagement en faveur d'une solution de rechange globale par
rapport à la société bourgeoise, dont la banqueroute morale
est pourtant manifeste et annonce la crise économique. Pareil
engagement n'exige pas tellement un «acte de foi» dans le
socialisme, qu'une lucidité par rapport aux choix d'ensemble
avec lesquels chacun et chacune sont confrontés.
Tout
au long de notre siècle, nous avons entendu la voix sécurisante
qui nous assurait que les «prophètes de malheur» qui annonçaient
les catastrophes et les moyens de les éviter- c'est-à-dire les
socialistes révolutionnaires, les marxistes - exagéraient et
que «tout finirait par s'arranger». Deux guerres mondiales
avec plus de 100 millions de morts, deux graves crises économiques
avec des dizaines de millions de chômeurs rien que dans les
pays riches Auschwitz, Hiroshima, la faim du Tiers-Monde, La
torture institutionnalisée dans 60 pays : tout cela permet de
juger qui a eu tort et qui a eu raison.
II
est vrai que ces catastrophes sont entrecoupées par des périodes
de prospérité relative dans certaines parties du monde. Mais
à quoi cela servait-il à un prolétaire italien de 1919, à un
Juif allemand de 1925, à un communiste soviétique de 1928, à
un syndicaliste allemand de 1930, à un étudiant japonais de
1939, à un paysan cambodgien de 1970 de se contenter du fait
que «pour le moment» cela n'allait pas si mal que ça, quand
la catastrophe qui allait s'abattre sur lui pointait déjà à
l'horizon ?
C'est
à cet acte de lucidité et d'engagement que nous vous appelons.
Dans votre propre intérêt et ceux de vos proches, dans l'intérêt
de toute l'humanité qui se confond avec la lutte pour l'émancipation
du Travail, le socialisme démocratique et révolutionnaire,
autogestionnaire et pluraliste. Notre organisation est la seule
qui combat, à l'échelle mondiale comme dans notre pays, toutes
les formes d'exploitation, d'oppression, d'injustice, sans
compromission ni réticence aucune.
Est-ce
utopique de penser - après tant de déceptions - qu'il est
possible de construire un monde, sinon idéal, du moins
radicalement meilleur que le monde d'aujourd'hui? Il est de
toute façon infiniment plus utopique de supposer qu'avec un
monde qui reste en gros ce qu'il est, on évitera à l'avenir
les catastrophes qu'on n'a pas pu éviter depuis 1914.
Il
est infiniment plus utopique de supposer qu'une société entièrement
axée sur la concurrence et la lutte de tous (toutes) contre
tous (toutes) échappera aux désastres nucléaires, écologiques,
économiques, despotiques, auxquels elle conduit en droite
ligne.
Et
il est indigne de l'homme et de la femme de se résigner
passivement devant le déclin de la civilisation, voire la
disparition physique du genre humain, sous prétexte que le succès
de la lutte contre ces menaces n'est pas assuré d'avance.
Aidez-nous
dans cette lutte. Familiarisez-vous avec nos analyses qui
couvrent tous les grands problèmes de notre temps. Lisez et
diffusez notre presse nationale et internationale. Aidez-nous
financièrement. Adhérez à notre organisation. II y va de
votre avenir et de celui de vos enfants. Aucun scepticisme n'est
justifié quand l'enjeu est si grand. Jamais le pari de Pascal
n'était plus applicable à la nécessité de l'enseignement
politique qu'à l'époque actuelle.
On
ne perd rien en s'engageant, même si la chance de succès était
réduite (ce qui n'est pas le cas). Tout est perdu si on ne
s'engage pas. Car ce choix ce n'est plus comme à l'époque de
Rosa Luxembourg : socialisme ou barbarie. Le choix est : le
socialisme ou la mort.
Mai
68 nous rappelle - après la révolution cubaine, et avant la révolution
portugaise, la révolution nicaraguayenne et Solidarnosc en
Pologne - qu'en faisant ce choix, on est rejoint périodiquement
par des millions d'hommes et de femmes. Qu'on ne se bat pas pour
une secte isolée, qu'on s'engage dans un mouvement d'émancipation
réel des larges masses, même s'il n'est pas encore couronné définitivement
de succès.
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