L'organisation de masse des travailleurs par les travailleurs
eux-mêmes naît en Grande-Bretagne, berceau de la révolution
industrielle et de la grande industrie. En fait, elle est
antérieure à l'extension des grandes usines. Elle date déjà
de la deuxième moitié du 18e siècle, au cours de laquelle le
prolétariat britannique est encore avant tout artisanal,
manufacturier et agricole.
Sa forme d'organisation principale est celle des associations de
compagnons d'artisans (compagnonnages) qui constituent
véritablement un pont entre les corporations semi-féodales et
le syndicalisme moderne. Elles reflètent le passé par leur
étroitesse d'esprit et d'intérêts, leur localisme et leur
corporatisme. Elles annoncent l'avenir par leurs formes de lutte
principales qui incluent déjà les grèves et les actions
contre les briseurs de grève, leur solidarité tenace, leur
effort de conquérir un minimum de force financière
d'auto-défense, et leurs statuts et leur esprit de plus en plus
démocratiques: assemblées générales, élection des
dirigeants, constitution de comités, contrôle de la
trésorerie, etc.
Le patronat britannique prit peur de ces associations et de ces
grèves, surtout vu Ie caractère politique turbulent de
l'époque, l'impopularité des guerres contre la révolution
française, l'influence des associations pro-jacobines comme la
London Corresponding Society. Par une loi de 1799, les
coalitions ouvrières furent interdites. En France, en pleine
révolution, une interdiction similaire s'était produite par le
vote de la Loi Le Chapelier en 1791, ce qui confirmait bien le
caractère bourgeois de la grande révolution française.
Le vote de cette loi entrava l'organisation du jeune
prolétariat anglais mais ne l'empêcha point. Il l'obligea à
passer à la clandestinité, et donna aux luttes de défense des
intérêts matériels des travailleurs un caractère plus
violent. Celui-ci apparut d'abord dans le mouvement des
Luddistes (1811-1812), centré surtout sur la région de
Nottingham, remarquablement organisé et quasi-impénétrable
aux flics, mouchards et briseurs de grève. Contrairement à une
légende répandue par l'ennemi de classe, les Luddistes
n'étaient nullement des adversaires de principe des machines.
Le but de leurs actions n'était point l'élimination des
machines de l'industrie textile, mais bien l'augmentation des
salaires, la lutte contre la vie chère et le chômage, et
autres objectifs classiques des premiers syndicats. La tactique
de rendre inutilisables les machines s'imposa parce que les
travailleurs louaient encore pour l'essentiel les machines aux
patrons pour les utiliser chez eux. Dans ces conditions, le fait
de rendre les machines inutilisables fut considéré comme un
moyen efficace de combattre les briseurs de grève, Ie seul
moyen de rendre la grève vraiment générale. La bourgeoisie
anglaise fut tellement effrayée par les "briseurs de
machines" qu'elle fit voter une loi sanctionnant ce
"crime" de la peine de mort.
Après la chute de Napoléon et le rétablissement de la paix,
il y eut une longue dépression économique en Grande-Bretagne
qui condamna des centaines de milliers d'ouvriers au chômage,
fit baisser fortement les salaires et provoqua de violentes
émeutes de la faim. Comme ces émeutes se combinèrent avec une
reprise de l'agitation pour le suffrage universel, la
bourgeoisie redoubla la répression. Une grande manifestation
eut lieu à St Peter's Field, près de Manchester, en 1819; elle
fut réprimée dans le sang par le duc de Wellington, vainqueur
de la bataille de Waterloo, ce qui amena les pamphlétaires
radicaux à la rebaptiser "massacre de Peterloo".
Beaucoup d'historiens considèrent ce massacre comme
l'étincelle qui fit naître Ie mouvement ouvrier moderne en
Grande-Bretagne.
Celui-ci suivit dès ce moment une doublé trajectoire. D'une
part, les syndicats clandestins et semi-légaux se
multiplièrent, de même que les grèves économiques. La
pression contre la Loi sur les Coalitions s'amplifia de plus en
plus, y compris parmi les patrons les plus intelligents, qui
comprirent qu'il était préférable d'avoir en face d'eux des
interlocuteurs représentatifs et légaux en cas de grève, avec
lesquels on pouvait négocier une fin rapide de celle-ci,
plutôt que de voir les grèves traîner en longueur. La loi fut
finalement supprimée en 1825. Les associations professionnelles
ouvrières prirent systématiquement le nom de Trades unions
(union des métiers) dès les années 1824-1825. Elles
dépassèrent rapidement leur caractère localiste et
corporatiste le plus étroit.
D'autre part, l'agitation de William Cobbett dans la période de
1815-1819, qui avait débouché sur le rassemblement de
Peterloo, fut relayée en 1830-1832 par une nouvelle campagne en
faveur du suffrage universel, qui déboucha cette fois sur le
Reform Bill de 1832, loi rédigée par les Libéraux qui
accroissait la représentation des villes. Après l'échec des
Libéraux au Parlement, cette agitation allait conduire à la
création du premier parti ouvrier de masse, le parti chartiste.
Celui-ci emprunta à l'agitation des années 1815-1819 la
pétition de masse comme principal moyen de combat. Il
s'agissait de collecter des signatures en faveur d'une Charte
réclamant le suffrage universel. Commencée en 1837-1838, cette
agitation débuta par une impressionnante manifestation à
Glasgow, en Ecosse, rassemblant 150.000 personnes. Dans cette
ville, la fusion des luttes économiques et de la lutte
politique de la classe ouvrière avait d'ailleurs connu une
première réussite dés 1819-1820, avec une grève de 60.000
ouvriers en faveur du suffrage universel, surtout des ouvriers
mineurs.
Simultanément, sur le continent européen et aux Etats-Unis, se
produisirent également les premières tentatives d'organisation
et d'action autonomes de la classe ouvrière. Des artisans de
Philadelphie, aux Etats-Unis, constituèrent en 1828 le premier
petit parti ouvrier de l'histoire. En 1831 se produisit dans les
faubourgs ouvriers de Lyon, capitale de l'industrie française
de la soie, la première insurrection purement ouvrière, celle
des "canuts", des tisserands de la Croix-Rousse, qui
s'emparèrent de la ville pendant plusieurs jours. En 1844 se
produisit la révolte des tisserands de Silésie en Allemagne,
immortalisée par le grand poète Heinrich Heine.
En Belgique, pays le plus industrialisé du continent européen,
les ouvriers des filatures de textile de Gand essayèrent de
constituer des syndicats dès 1810-1815. Au lendemain de la
révolution de 1830, des pétitions furent envoyées à la
Chambre par des ouvriers gantois, réclamant le suffrage
universel, la liberté d'association, la liberté intégrale de
la presse, un impôt sur les héritages. Elle fut appuyée par
des ouvriers de Bruxelles et de Liège. En 1836 eut lieu le
premier meeting politique ouvrier à Bruxelles, impulsé par
Jacob Kats, auteur du premier catéchisme ouvrier qui a
incontestablement influencé les jeunes auteurs du Manifeste
Communiste, rédigé à Bruxelles.
Finalement, il faut signaler l'apparition, parmi les sectes
socialistes utopiques du courant de Proudhon en France qui, en
contraste avec les courants saint-simoniens, fouriéristes et
owenistes, est d'origine purement ouvrière. Proudhon était,
comme Weitling, un ouvrier autodidacte, fût-ce un ouvrier
artisanal. Venu plus tard que ses grands ancêtres sur la scène
historique, il s'efforça comme Marx et Engels d'incorporer des
conclusions tirées de la philosophie allemande classique et de
l'économie politique anglaise dans la doctrine socialiste. Mais
il le fit sur la base de connaissances insuffisantes et mal
assimilées, avec un manque de maturité scientifique évident,
qui reflétait en dernière analyse la situation sociale
particulière de l'artisanat et du pré-prolétariat français.
Il s'agissait pour lui d'émanciper l'ouvrier/artisan de la
domination de l'argent (du capital), sans abolir la production
marchande et la concurrence: illusion typiquement
artisanale/petite-bourgeoise. Si on a présenté quelquefois
Proudhon, non sans raison, comme le père de l'idée
d'auto-gestion ouvrière, l'impasse du "socialisme de
marché", manifeste en Yougoslavie depuis les années 1970,
est déjà esquissée en puissance dans ses idées. Il en va de
même du risque politique et social qui accompagne cette impasse
économique: le risque de fractionner la classe ouvrière en
groupes s'opposant les uns aux autres à travers la concurrence,
leurs revenus monétaires dépendant des réussites sur le
marché.
Malgré leur très grande diversité, toutes ces tentatives
initiales d'action et d'organisation autonomes des
travailleurs/producteurs directs ont un certain nombre de traits
communs qui en font les véritables initiateurs du mouvement
ouvrier moderne. Celui-ci est donc né avant Marx et Engels et
indépendamment d'eux, de même qu'il est né indépendamment de
l'action de tout agitateur ou "théoricien" (utopiste)
intellectuel. Il est le produit direct de l'exploitation et de
la misère subie par les ouvriers du fait du régime
capitaliste, le produit immédiat de la société bourgeoise.
S'il faut rendre quelqu'un "responsable" de la lutte
de classe ouvrière, ce responsable c'est le patronat,
c'est-à-dire la lutte de classe quotidienne, permanente,
impitoyable que le Capital et son Etat mènent contre le Travail
salarié.
Le grand mérite des premières actions et organisations des
travailleurs salariés mentionnées, c'est la conquête de
l'indépendance de classe, la prise de conscience de la
nécessité pour les ouvriers de s'organiser entre eux,
séparément des patrons grands ou petits, en vue de défendre
leurs propres intérêts qui sont différents de ceux de la
bourgeoisie et de la petite-bourgeoisie, y compris de son aile
politique la plus radicale. Ainsi des milliers d'ouvriers
ont-ils atteint un premier niveau de conscience de classe : la
conscience de classe économique, syndicaliste, qu'il faut
considérer comme un énorme pas en avant dés lors qu'elle
acquiert un caractère massif et permanent, par rapport à la
situation atomisée et désorganisée de l'existence et de la
première résistance ouvrière.
Enfin, de ces premières tentatives d'action collective et
d'organisation permanente de la classe ouvrière se dégagent
les formes de lutte essentielles du prolétariat, qui marquent
sa lutte de classe jusqu'aujourd'hui dans le monde entier :
grèves et formes d'organisation adéquate au succès des
grèves (constitution de caisses d'entre-aide et de résistance;
piquets de grève; propagande et action contre les briseurs de
grève; éducation de solidarité collective, etc.);
manifestations et cortèges de masse; assemblées et meetings de
masse; presse de masse (en Angleterre, un des premiers
propagandistes politiques de la classe ouvrière et précurseur
du chartisme, William Cobbett, publia en 1816 un numéro
spécial de son journal Political Register, tiré à 200 000
exemplaires, contenant sa "Lettre aux Manoeuvres et
Ouvriers salariés"); pétitions et agitations les plus
diverses en faveur du suffrage universel et de la
généralisation des libertés démocratiques, etc. Mais ces
premières manifestations d'action et d'organisation de classe
indépendantes des travailleurs salariés eux-mêmes sont aussi
marquées par une série de faiblesses qui leur sont
pratiquement communes à toutes:
(a) L'action et l'organisation sont discontinues. Même les
premiers syndicats, à l'exception de quelques syndicats de
corps de métiers très qualifiés, disposant d'un monopole de
fait sur un marché du travail très étroit, et défendant
celui-ci souvent avec des méthodes corporatistes contre
l'accès d'autres ouvriers et ouvrières, notamment en cherchant
à exclure les femmes des emplois qualifiés permanents, ne
durent guère longtemps. Ces syndicats ont tendance à se
renforcer en période de haute conjoncture et à disparaître en
période de crise et de chômage. Les luttes amples et violentes
coïncident plutôt avec les périodes de crise et s'atténuent
en période de haute conjoncture. Au caractère discontinu de
l'organisation correspondent général son caractère
géographiquement fragmenté, surtout local ou régional. Seuls
les chartistes apparaissent comme un mouvement de classe
vraiment national.
(b) L'action et l'organisation sont largement minoritaires.
Elles n'englobent encore qu'une infime fraction de l'ensemble du
prolétariat. Du même fait, elles ont tendance à refléter des
particularités de groupes distincts, tant dans leurs
revendications que dans leur moyen d'agir, plutôt que d'être
l'expression de ce qui est commun à toute la classe.
(c) Si leurs revendications expriment en général des
intérêts réels des travailleurs, il s'agit le plus souvent
d'intérêts immédiats ou a moyen terme. Lorsqu'une tentative
est faite pour esquisser un "programme maximum",
c'est-à-dire pour projeter l'image d'une société dans
laquelle l'exploitation de l'homme par l'homme serait
supprimée, cela se fait en général en termes vagues et
insuffisants, en empruntant des idées soit aux socialistes
utopistes, soit aux économistes post-ricardiens les plus
critiques, soit quelquefois à des charlatans purs et simples.
(d) Si la conquête de l'indépendance de classe est presque
totale sur le plan de la lutte et de l'organisation
économiques, au sein des premiers syndicats véritables (le cas
des premières coopératives est déjà plus complexe), il n'en
est pas de même dans le domaine de la lutte et de
l'organisation politiques. La séparation de la démocratie
prolétarienne par rapport à la démocratie petite-bourgeoise
est un processus extrêmement compliqué, discontinu,
irrégulier, passant par des hauts et des bas successifs,
connaissant des avatars et des rechutes multiples vers des
organisations multiclassistes.
Le cas le plus typique est celui de l'Angleterre, où les
ouvriers les plus actifs politiquement appuyèrent d'abord
l'agitation petite-bourgeoise en faveur du suffrage universel,
puis la lutte du parti libéral Whig en faveur de la Reform
Bill, puis constituèrent leur parti politique indépendant avec
le chartisme, pour retomber dès les années 1850, et ce pour
une longue période, en dépendance politique du parti libéral.
Il en fut de même pendant près de deux décennies en
Allemagne, où le premier parti ouvrier indépendant permanent
ne fut constitué par Ferdinand Lassalle qu'en 1863, fondé sur
la revendication du suffrage universel; ce parti fusionna avec
le parti dit marxiste de Liebknecht et Bebel en 1875.
En France et en Belgique, il fallut attendre encore plus
longtemps avant que ne se constituent des partis ouvriers
indépendants de masse durables. Aux Etats-Unis et dans d'autres
pays où le mouvement syndical est puissant, comme l'Argentine,
ce deuxième stade de la conscience de classe du prolétariat
n'a pas encore été conquis de nos jours.
Marx et Engels ont entrepris un effort gigantesque et permanent,
qui s'étend sur un demi-siècle, pour venir à bout de ces
faiblesses. Ils y ont finalement largement réussi, du moins
dans un nombre important de pays (tous les pays industrialisés
au 19e siècle sauf les Etats-Unis). On peut caractériser cet
effort comme une fusion graduelle, progressive du mouvement
d'organisation et d'action réel du prolétariat avec les acquis
principaux du socialisme scientifique, tels qu'ils étaient
accessibles aux larges masses (pas avec tous les éléments de
la doctrine marxiste) :
(a) Marx et Engels participèrent à la lutte pour faire
accepter l'organisation syndicale permanente comme forme
d'organisation élémentaire indispensable à la lutte
d'émancipation de la classe ouvrière. Ils durent s'opposer à
ce sujet à l'influence sectaire de nombreuses tendances:
proudhoniens, post-ricardiens, certaines tendances coopératives
et communistes dogmatiques; plus tard, certaines tendances
anarchistes/libertaires.
(b) Marx et Engels firent accepter le principe de l'organisation
politique indépendante (du parti politique indépendant) de la
classe ouvrière, et de sa participation, partout où c'était
possible, aux luttes politiques légales courantes de chaque
pays, y compris (mais pas seulement) aux élections. Si en ce
qui concerne la généralisation de l'organisation syndicale,
leur rôle a été celui d'un stimulant, en ce qui concerne
l'organisation politique indépendante, ils ont joué un rôle
moteur essentiel, même si en Allemagne la première initiative
réussie est venue de Lassalle.
(c) Ils se sont efforcés d'unifier le mouvement ouvrier
au-delà des barrières syndicales/politiques,
nationales/ethniques, raciales/continentales et entre ouvriers
et ouvrières. La fondation de l'Association Internationale des
Travailleurs (Première Internationale) en 1863 fut le premier
aboutissement de ces efforts. Elle réunit, outre les syndicats
britanniques de l'époque, les premiers partis et noyaux
ouvriers allemands, suisses, belges, italiens, espagnols,
français etc., ainsi que des groupes ou correspondants
socialistes aux Etats-Unis (essentiellement composés
d'immigrés allemands), en Pologne, en Russie, en Uruguay, en
Argentine, à Cuba, au Mexique, etc. Cet effort d'unification
était fondé sur des concepts d'organisation
démocratiques-pluralistes, sans lesquels il aurait été
irréalisable.
(d) Ils lui ont donné des buts à long terme clairs et précis,
communs à la grande majorité des organisations ouvrières vers
la fin du 19e siècle: l'appropriation collective des grands
moyens de production et d'échange; la création d'une société
sans classes; la démocratie ouvrière fondée sur
l'auto-organisation du prolétariat ("l'émancipation des
travailleurs sera l'oeuvre des travailleurs eux-mêmes").
(e) Ils ont établi une perspective claire et simple pour
atteindre ce but, perspective acceptée par des millions de
travailleurs de par le monde au début du 20e siècle :
organisation de plus en plus ample des masses ouvrières dans
des syndicats et des partis (accessoirement aussi des
coopératives, des caisses de maladie); éducation de plus en
plus efficace de ces masses grâce à la propagande, l'agitation
et l'action de masse; déclenchement de luttes de plus en plus
massives et de plus en plus généralisées, partant des points
de départ les plus divers (revendications démocratiques,
nationales, économiques, anti-guerre, etc.), et articulation de
ces luttes avec les contradictions et crises internes du mode de
production capitaliste, jusqu'a ce que toute cette avalanche
déclenche une lutte pour la conquête du pouvoir s'identifiant
avec une révolution sociale (une transformation profonde du
régime de propriété et des rapports de production).
(f) Ils ont fourni une analyse théorique scientifique des lois
de développement et des contradictions internes du mode de
production capitaliste, qui sous-tend toute cette perspective,
qui explique pourquoi des crises pré-révolutionnaires et
révolutionnaires deviennent à la longue inévitables au sein
de ce régime.
(g) Ils ont du même fait permis une intégration entre la lutte
des travailleurs pour l'amélioration immédiate de leur sort,
et leur poussée vers une transformation radicale de la
société. De ce fait, l'unification entre le mouvement et
l'organisation réels de la classe (qui vise toujours des
objectifs immédiats) et le but socialiste/communiste, devenait
de plus en plus une réalité. Cela donnait une extraordinaire
confiance en elle-même à la classe ouvrière, qui avait le
sentiment de marcher de succès en succès, de manière
quasi-irrésistible. L'essor formidable du mouvement ouvrier
dans la période 1890-années 1920 (en Espagne, en France et aux
Etats-Unis, le point culminant sera atteint au cours des années
1930) est le reflet de cette auto-confiance.
Rétrospectivement, nous pouvons constater que si cette
unification à assuré un premier essor impressionnant au
mouvement ouvrier organisé, il était insuffisant pour assurer
la victoire de révolutions prolétariennes. Mais il était
indispensable pour que les conditions nécessaires à cette
victoire se créent.
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