Gabriel
Maissin:
Certains indicateurs statistiques montrent une reprise,
une remontée de la croissance. Cette reprise est-elle réelle,
quelle est son ampleur, et surtout peut-elle annoncer une remontée
de l'économie capitaliste à moyen terme? Une reprise de la
croissance, de l'investissement? Comment
situes-tu la
reprise conjoncturelle actuelle?
Ernest
Mandel:
Il faut distinguer deux sortes de fluctuations dans l'économie
capitaliste, il y a non seulement les cycles courts mais aussi
ce que l'on appelle les "ondes longues", expansives et dépressives. L'onde longue expansive a en gros
dominé l'économie capitaliste de 1949 jusque fin des années
'60, début des années '70. L'onde longue dépressive qui a
commencé en 1973 se caractérise par le fait qu'indépendamment
de se qui se passe dans la conjoncture, le substrat de chômage
continue à augmenter. On peut discuter sur les chiffres, tout
le monde sait que les statistiques officielles sont faussées:
on élimine les chômeurs qui ne sont pas officiellement
reconnus, on élimine ceux ou celles qui se sont retirés
volontairement du marché du travail, pour utiliser un terme à
la fois cynique et significatif. Mon estimation, partagée par
pas mal de milieux syndicaux internationaux, c'est que pour les
pays impérialistes,
ce substrat, actuellement, dépasse 50 millions de personnes et
qu'il va augmenter sans cesse. Dans les pays du tiers monde cela
se compte par centaines de millions.
Aux
chômeurs il faut encore ajouter les laissés pour compte, les
marginalisés, les misérables, ce que l'on appelle "la
nouvelle pauvreté": ils se comptent également par
millions, et leur nombre et qui ne cesse d'augmenter, inutile
encore de parler des pays du tiers monde car là c'est devenu
une vérité de Lapalisse. Il faut remonter au pire
moment de la crise économique du début des années
trente pour rencontrer des phénomènes du même genre. Ceux qui
vivent en-dessous du seuil de pauvreté dans les pays impérialistes
(même des institutions comme la Fondation Roi Baudouin ont fait
des études assez objectives à ce sujet) représentent selon
les pays de 10 à 30 % de la population, à quelques exceptions,
mais même dans les pays où c'est une exception, je pense à la
Suède ou à la Suisse, cela ne va pas durer longtemps, car ce
sont des phénomènes mondiaux. C'est l'incapacité de l'économie
capitaliste d'arrêter ce mouvement qui justifie l'utilisation
du terme d'onde longue dépressive.
Dans les pays du tiers monde et dans les pays
de l'Europe orientale et en Russie, cette évolution
s'accompagne d'une chute du niveau de vie désastreuse (par
exemple au Mexique, en l'espace de quelques années, le niveau
de vie de la majorité de la population est retombé à ce qu'il
était avant la Deuxième Guerre mondiale). Dans certains pays,
on assiste à une montée du travail des enfants, un travail
semi-esclavagiste, dans des conditions qui vous soulèvent le
coeur.
Tout cela n'exclut pas, et c'est ce qu'il faut
bien comprendre, un mouvement conjoncturel à l'intérieur de
l'onde longue dépressive. L'onde longue dépressive ne signifie
pas une chute continuelle de la production: il y a toujours
succession de bonnes et mauvaises conjonctures.
Actuellement il y a une reprise incontestable
de la production dans une série de pays impérialistes, pas
tous au même niveau. Cela donne une occasion pour le mouvement
syndical, s'il veut bien prendre conscience de ce qu'il peut, de
ce qu'il a encore comme substance, comme l'ont fait les métallos
allemands, de dire "la production augmente, vos profits
augmentent, nous voulons la part du gâteau". C'est donc le
moment de poser des revendications réalisables, mais enfin, en
gros ce mouvement conjoncturel à court et moyen terme ne change
rien aux données fondamentales du problème: il n'y a pas de
perspectives pour le moment d'un atterrissage en douceur de
l'onde longue dépressive dans un avenir prévisible. Pour
autant que l'on puisse juger, cela va continuer au-delà de la
fin du XXe siècle. On ne peut jamais rien exclure, mais pour le
moment il n'y a rien de prévisible pour un retournement
fondamental.
Gabriel Maissin: Mais il y a quand même
une contradiction parce que les niveaux de profit sont élevés.
Depuis ‘91-‘93, il y a une croissance des profits de l'ordre
de 12 ou 13 %. Alors pourquoi une telle reprise des profits des
entreprises ne s'acccompagne-t-elle pas d'un mouvement plus
vaste sur le long terme?
Ernest
Mandel:
La raison est simple, c'est la malédiction fondamentale du régime
capitaliste. Pour qu'il y ait une véritable reprise des
investissements, et donc la possibilité d'une croissance
durable à long terme, il faut deux conditions: une augmentation
du profit, mais aussi un élargissement du marché. Le régime
capitaliste ne peut pas fonctionner sur la base d'indices macro-économiques.
Chaque marchandise est spécifique et il faut qu'elle rencontre
une demande spécifique. Les producteurs de machines-outils ne
travaillent pas pour les consommateurs qui achètent des
souliers. Nous sommes confrontés avec un problème théorique
nouveau, sur lequel nous devons nous pencher. Jusqu'à
maintenant les marxistes, y compris la IVe Internationale, y ont
attaché trop peu d'importance: quand on parle de la
globalisation de l'économie, on fait semblant qu'il s'agit d'un
phénomène quasi-magique, au-dessus des rapports entre les êtres
humains. Un des grands mérites de Marx et du marxisme c'est de
comprendre qu'à la base de toute évolution économique, de
tout système économique, de tous les rapports socio-économique
fondamentaux, il y a des rapports entre des êtres humains.
Que s'est-il donc passé? Il y a eu un phénomène
accentué de concentration et de centralisation internationale
du capital. Mais cela s'est accompagné d'une série d'autres phénomènes
dont il faut saisir toute l'ampleur... Tout d'abord, on a assisté
à ce que j'appelle la "reprivatisation de la
monnaie": c'est la conséquence de la puissance énorme des
société multinationales, qui sont devenues la forme
d'organisation prépondérante, mais non unique, du grand
capital. Et qui échappent de plus en plus au contrôle de
n'importe quel gouvernement. La politique de démantèlement, de
déréglemmentation, comme celle menée par Reagan et Thatcher,
n'est pas la cause de ce phénomène mais bien la conséquence.
Ils ont simplement reconnu les limites de ce qu'ils pouvaient
faire et ont essayé d'en tirer profit contre la classe ouvrière
et le mouvemeni ouvrier, contre les pauvres et les laissés pour
compte. Le véritable mécanisme c'est qu'ils ne pouvaient rien
faire. Pour donner un exemple de l'importance du phénomène: on
ne connaît pas l'ampleur des capitaux qui se promènent à l'échelle
mondiale, non pas à quelques
près mais à des centaines de milliards de dollars près.
Ce que l'on ne connaît pas on ne peut évidemment pas le contrôler.
Aussi longtemps que l'onde longue expansive durait, le phénomène
était circonscrit. Mais à partir du moment où on est entré
dans l'onde longue dépressive, il y a eu une coïncidence entre
deux phénomènes. D'une part, ces multinationales disposant d'énormes
moyens, et d'autre part les limites tout de même étroites de
l'investissement productif. Et dans ces conditions on a connu ce
que j'appellerai un phénomène de sur-liquidités, de liquidités
extraordinaire, une tranformation d'une partie importante du
capital-marchandise en capital-argent, capital liquide ou
quasi-liquide. Qui s'est jeté sur la spéculation, spéculation
à la bourse, immobilière. Les moyens électroniques permettent
aujourd'hui les transferts quasi-instantanés des capitaux à l'échelle
mondiale. Mais, encore une fois, il faut quantifier pour se
rendre compte de quoi nous parlons. Tous les jours ouvrables -
il est vrai que ces messieurs ne travaillent pas tous les jours,
mais enfin, tous les jours ouvrables, disons 150 jours par an...
sur les marchés de change et ceux qui y sont liés on fait des
affaires qui égalent le volume annuel du commerce mondial!
Cette "liquéfaction" du capital
prolonge d'ailleurs un phénomène qui était déjà visible préalablement.
L'économie capitaliste après la Deuxième Guerre mondiale s'était
lancée dans l'expansion sur un océan de dettes, l'endettement
mondial était colossal. Tout le monde parle de la dette du
tiers monde, mais cette dette, qui concerne tout de même la
moitié du genre humain, c'est à peine 15 % du volume total de
la dette! Il y a la dette des entreprises impérialistes, des
capitalistes, il y a la dette des ménages, il y a la dette des
autres gouvernements qui ne sont pas des gouvernements du tiers
monde. Ce sont des chiffres qui sont devenus incalculables, en
dollars on parle de trillions de dollars de dette. Cela dépasse
pratiquement notre imagination. Et là, de nouveau, nous
touchons un phénomène fondamental qui explique pourquoi
l'atterrissage en douceur de l'onde longue n'est pas prévisible.
Quand on parle des multinationales, il faut se
garder de les considérer comme représentant un
"bloc". C'est un panier de crabes, il se font la nique
entre eux, constamment. Il y a un phénomène de concentration
de multinationales, de grandes firmes disparaissent. On cite
souvent le chiffre de 600 multinationales qui prédominent sur
le marché mondial. Certains prophètes de malheur pour le régime
disent que cela aboutira dans quelques années à 100. Cela paraît
un peu excessif à première vue, mais on n' en sait rien. Or le
dollar est en chute libre. Et l'absence d'une puissance impérialiste
hégémonique a pour conséquence l'impuissance, l'incapacité
de la bourgeoisie mondiale à opposer des solutions. Les réunions
des G7 se terminent généralement par un constat d'impuissance.
On ne prend aucune décision.
Nous sommes habitués par notre tradition, par
notre programme, par une vue réaliste de la crise de l'humanité,
de la civilisation bourgeoise, et même de la civilisation tout
court depuis la Première Guerre Mondiale, à parler d'une crise
du facteur subjectif, d'une crise de la conscience, de la
direction du prolétariat. Mais actuellement on assiste aussi à
une crise de direction et de conscience de la bourgeoisie. Et ce
n'est pas une petite crise, ils sont confrontés avec un choix
terrible. Et là on voit pourquoi, pour une raison
socio-politique, il n'y a pas d'atterrissage en douceur de
l'onde longue dépressive prévisible pour le moment.
J'en viens au potentiel de résistance qui
existe dans la classe ouvrière et dans le mouvement d'émancipation
dans le tiers monde. Ce potentiel est fonction de la période
antérieure, de l'accumulation de forces, de réserves, d'acquis
au cours de l'expansion prélable. La classe capitaliste doit se
décider: jusqu'à quel point peut-elle pousser l'offensive
anti-ouvrière et anti-syndicale? Si elle va trop loin, elle
risque de provoquer une riposte très forte de la part des
exploités et des opprimés au sens le plus large du terme. La
bourgeoisie est divisée à ce sujet...
La situation peut changer dans deux
directions. Aujourd'hui les exploités et les opprimés se
trouvent en situation défensive. Mais s'ils gagnent quelques
grandes batailles défensives, ils peuvent repartir à la
contre-offensive, ce n'est pas du tout exclu. Par contre,
l'inverse est aussi vrai: s'il y a une nouvelle vague de chômage,
une nouvelle capitulation honteuse de toutes les directions
ouvrières officielles devant l'offensive d'austérité du
capital, il peut y a avoir un affaissement de la capacité de résistance
de la classe ouvrière. Et il peut y avoir une véritable menace
d'extrême-droite, pas nécessairement sous une forme fasciste,
personnes n'en sait rien, mais au moins un renforcement
qualitatif de l'Etat fort, répressif. Un des rédacteur
principaux du journal "Le Monde", Edwy Plenel, un ami
en butte aux persécutions du régime de Mitterand, dit qu'il y
aura un nouveau Bonaparte en France, quel qu'il soit, quel que
soit le score des prochaines élections. Il n'a pas tort. Donc
il n' y a pas lieu d'être ultra-optimiste, la situation n'est
pas bonne.
Il y a encore une autre dimension: ce que nous
avons appelle dans la IVe Internationale la crise de crédibilité
universelle du socialisme. Après un long délai, et aidée par
quelques événement qui n'étaient pas minces, la classe ouvrière
s'est rendu compte de la faillite du stalinisme, du
post-stalinisme, du maoïsme, de la social-démocratie, du
nationalisme pseudo-progressiste dans les pays du tiers monde.
Et pour le moment, elle ne voit pas une force à la gauche de
tous ces mouvements, crédible, capable d'avoir une chance
d'imposer des solutions anticapitalistes globales.
Ses mouvements de résistance sont donc
discontinus, mais parfois d'une ampleur plus grande que jamais,
et pas seulement du côté ouvrier: quand la Cour Suprême des
Etats-Unis a légiféré contre le droit à l'avortement, 1
million de femmes sont descendues dans la rue!
Mais, parce qu'ils sont discontinus, ces
mouvements sont récupérables à court terme, ou ce qui est
pire, ils peuvent se perdre. Cependant il y a un facteur
important: de plus en plus de gens disent: "ceux d'en haut
sont corrompus et incompétents". Corrompus, ça, chaque
enfant le sait! Mais incompétents, ça c'est quelque chose de
nouveau. C'est une petite minorité encore de la classe ouvrière
qui pense cela, mais il y a une évolution technologique qui
contribue à cela. Des ouvriers hyperqualifiés ont le sentiment
qu'ils connaissent mieux le fonctionnement de l'entreprise que
l'ingénieur en chef, pour ne pas dire le directeur. Les élèves
des écoles professionnelles, les laissés pour compte, ont
l'impression, à juste titre d'ailleurs, qu'ils perdent leur
temps à l'école, qu'ils n'apprennent rien, qu'ils sont de
futurs chômeurs. Mais il y a un changement, cette nouvelle
couche de la classe ouvrière, il faut la regarder et la suivre
de très près, il faut essayer de faire en sorte qu'elle ne
perde pas la bataille.
Un exemple: dans la grève des métallos
allemands, le syndicat, pourtant le plus riche du monde, a vite
fait le calcul: 6 mois de grève, 3 millions d'ouvriers, ses réserves
financières seront vite épuisées. Et alors, grâce à la compétence
des ouvriers, pas celle des fonctionnaires, pour ne pas dire des
bureaucrates syndicaux, ils trouvent dans un certain nombre
d'entreprises dont la production est décisive pour la
production de beaucoup d'autres entreprises, quelques ateliers,
très souvent n'employant que 6 ou 7 % du personnel de
l'entreprise, mais si tu paralyse ces ateliers-là, toute la
production s'arrête. Et alors, c'est les patrons qui payent la
grève. Le patron dit qu'il répond par le lock-out, le syndicat
répond que c'est anticonstitutionnel et je crois qu'il aura une
bonne chance d'obtenir gain de cause s'il défend ce combat. Il
dit surtout, même si ce n'est pas ouvertement: si vous faites
le lock-out, nous occupons les entreprises. En Allemagne, ça ne
s'était jamais vu depuis les années '20. Les ouvriers
n'auraient pas hésité. Cela a fait sauter la concertation
sociale dans le pays capitaliste le plus important d'Europe, et
le troisième plus important du monde, donnant une valeur
d'exemple aux travailleurs américains et aux japonais: c'est de
la dynamite!
Gabriel
Maissin: Mais la remobilisation de ces secteurs de la classe
ouvrière entre en contradiction avec une situation sociale
d'ensemble: beaucoup de chômage, et un sentiment général de
non-solution possible. A la fois il y a cette partie de la
classe ouvrière qui pourrait comprendre la fragilité du système
puisqu'il la voit, et il y a un sentiment croissant
d'impuissance à propos d'une solution. C'est une conjoncture idéologique
très particulière...
Ernest
Mandel:
Je le répète: la situation globale est mauvaise. L'offensive
est entre les mains du patronat, du capital. Nous sommes sur la
défensive. Mais nous ne sommes pas impuissants. Et, pour
terminer, je mettrai l'accent sur une idée, qui est chère à
notre parti, à nos initiatives, que nous avons utilisée
souvent, surtout à l'égard du tiers monde et que nous devons
maintenant chercher à généraliser à universaliser:
SOLIDARITE SANS RIVAGES. C'est le mot-d'ordre premier. Je peux
donner beaucoup d'exemples: front commun de solidarité des
travailleurs et des chômeurs, des marginalisés c'est plus
difficile, mais commençons par les chômeurs. En France, le
mouvement est lancé, avec des travailleurs encore employés,
surtout les travailleurs à haute qualification. Il faut trouver
d'autres médiations, et c'est une tâche extrêmement
importante, il faut intégrer des mouvements féministes, des
mouvements écologistes, et quand je dis mouvements je parle de
mouvements de masse, qui visent des objectifs précis dans cette
solidarité.
Il faut s'efforcer, c'est très difficile mais
ce n'est pas impossible, d'opposer à la stratégie mondiale des
multinationales, des délocalisations des industries, une stratégie
mondiale de concertations et d'actions commune des travailleurs
et travailleuses, salariés et salariées à l'échelle
mondiale, travaillant d'abord pour une même multinationale,
ensuite pour les grandes branches industrielles, etc. Ce n'est
pas facile, je suis absolument convaincu des difficultés; mais
ce n'est pas impossible et c'est la seule voie contre le repli
national, protectionniste, nationaliste. C'est le seul moyen de
contrer la stratégie mondiale des multinationales.
On objecte parfois que de cette manière on
s'oppose à l'industrialisation des pays du tiers monde, qui
aujourd'hui "profitent" de la délocalisation. Il n'en
est rien, cela débouche simplement sur autre stratégie de développement
et de modernisation du tiers monde. Axée non pas sur
l'exportation de la main d'oeuvre bon marché, mais sur
l'expansion du marché intérieur, sur l'augmentation du bien-être
de la population, etc. L'abolition de la dette, la tentative de
s'opposer à l'évolution négative des termes d'échange, toute
une série d'autres éléments stratégiques devraient entrer en
lignes de compte. C'est une vision qui ne me paraît pas irréaliste.
Difficile oui, mais pas irréaliste.
Sans ces conditions-là, il n'y aura ni une
solution ouvrière, ni une solution bourgeoise à la crise de
l'humanité, il y aura une période prolongée de crises, de désordre
mondial dans laquelle les deux principales forces sociales,
petit à petit, chercheront à imposer des conditions qui
correspondent à leurs intérêts historiques et cela avec un
arrière-fond dont nous devons être conscients aujourd'hui, et
qui est aujourd'hui le principal argument en faveur du
socialisme: c'est cette menace de survie physique de plus en
plus grave qui pèse sur le genre humain - menace nucléaire,
militaire, maladies liées à la montée de la pauvreté, liées
au désordre mondial, il n'y aura pas de solution dans le cadre
du régime capitaliste. La crise de l'humanité exige une
nouvelle société, une nouvelle civilisation.
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