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Un orateur infatiguable

Ernest Mandel - Archives internet
Georges Dobbeleer, Membre du POS et de la IVe Internationale depuis 1953 Imprimer
La Gauche spécial Mandel, n°15/16, septembre 1995.

C'est en 1953, lors de mon adhésion à la IVe Internationale, que j'ai rencontré Ernest Mandel. Bien sûr, son intelligence exceptionnelle et son immense culture politique impressionnaient ceux qui le voyaient pour la première fois, cependant, c'est d'un autre aspect de sa personnalité que je voudrais parler.

Entre 1953 et 1960, nous étions une petite poignée de jeunes militants, qui, à Bruxelles et en Wallonie, donnèrent à la Jeune Garde Socialiste - le mouvement de jeunesse du Parti Socialiste Belge à cette époque - un dynamisme et une activité considérables. Nous avions concentré notre action politique sur trois terrains principaux: l'antimilitarisme, l'opposition au Pacte atlantique et le soutien aux révolutions anticoloniales. Mais, pour aider nos militants et la base de nos affiliés à comprendre les raisons de mener la lutte sur ces thèmes, il fallait leur permettre d'apprendre l'histoire du mouvement ouvrier, les fondements de l'analyse économique du capitalisme et les raisons qui nous poussaient à être internationalistes avant tout.

Dans les années '50, Mandel collaborait comme journaliste à la rédaction du quotidien du P.S.B, "Le Peuple", il rejoignit ensuite André renard au quotidien syndical liégeois "La Wallonie". Pendant toutes ces années, il répondait sans se faire prier aux invitations à se rendre dans toutes les régions ouvrières de Wallonie pour présenter des exposés de formation de militants. Ces cours suscitaient non seulement des débats passionnants mais aussi un désir généralisé d'en apprendre d'avantage, de mieux comprendre la complexité des problèmes politiques et d'être capable d'agir en connaissance de cause.

Parfois, cependant, le public était clairsemé. Je me souviens d'une réunion dans la région des carriers d'Ourthe-Amblève où il n'y avait que 6 ou 7 jeunes venus 1'écouter. Jamais il ne montrait la moindre irritation ou déception lorsque son déplacement depuis Bruxelles et au détriment des heures qu'il aurait pu consacrer à préparer son "Traité d'économie marxiste", pouvait normalement sembler une perte de temps...

Son souci d'expliquer le marxisme aux militants le conduisit aussi, autour de 1960. à donner des cours à des métallurgistes liégeois de la FGTB. Là aussi il apportait à des ouvriers adultes une masse de connaissances économiques et politiques qu'il était capable de rendre accessible sans les dénaturer par le simplisme...

Lors de la création à Liège du "Comité Che Guevara", dans l'euphorie militante de '68-'69, il s'était trouvé face à un large public rassemblé dans une grande salle où se projetait, pendant l'assemblée, un film cubain racontant la Révolution cubaine. Ernest pris la parole, parla du Che et des problèmes de la révolution en Amérique latine. Mais une partie du public étaient composée de travailleurs espagnols immigrés qui ne pouvaient pas tous comprende aisément le français. Plusieurs l'interrompirent pour le lui faire savoir. Aussitôt il déclara que son exposé en français avait eu suffisemment d'ampleur et il le poursuivit en espagnol, il connaissait convenablement 6 langues et pouvait passer de l'une à l'autre aisément.

Son activité des assemblées jeunes ou ouvrières ne se limitaient pas à un temps de parole toujours trop court. Il en écrivait des synthèses solidemment construites,  bien documentées et surtout accessibles à beaucoup de militants dont souvent, à cette époque, la formation scolaire n'allait pas au-delà des 14 ans...

Une brochure dactylographiée de 35 pages intitulée "De l'inégalité sociale à la société sans classes" reprenait les cours donnés par Ernest en 1954-55 au "Centre régional d'éducation ouvrière" de Bruxelles. Ces cours qu'il a répétés - les actualisant - dans les 6 ou 8 années suivantes, furent édités dès l'automne 1955 par la Fédération bruxelloises des Jeunes Gardes Socialistes. Des centaines de jeunes et de moins jeunes y ont appris, souvent avec enthousiasme, les multiples raisons de militer dans le mouvement ouvrier pour préparer une "société sans classes".

Cet immense travail de vulgarisation n'a pas été traduit en trente langues comme le "traité d'économie marxiste" mais il montre qu'Ernest savait diffuser ses convictions marxistes-révolutionnaires auprès de simples travailleurs et sans se limiter à des publications scientifiques qui allaient lui apporter son renom international.

 

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