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VII. L'itinéraire personnel de Marx et d'Engels

La place du marxisme dans l'histoire

Ernest Mandel Imprimer

La place du marxisme dans l'histoire. - Amsterdam:Institut International de Recherche et de Formation, 1986. - 39 pp. - (Cahiers d'etude et de recherche)


Le marxisme est un produit de son époque. Mais il n'en est ni un produit spontané ni un produit automatique. Pour que la transformation des sciences sociales, l'évolution du socialisme utopique vers le socialisme scientifique, la transcroissance de la pratique et de l'organisation révolutionnaires petites-bourgeoises et pré-prolétariennes en pratiques et organisations révolutionnaires prolétariennes s'effectuent dans les faits, au moment où elles se sont effectuées, le rôle de deux individus, Karl Marx et Friedrich Engels, a été déterminant.

Ils ont certes pu jouer ce rôle parce que "l'histoire avait besoin d'eux", c'est-à-dire parce que leur activité correspondait a une nécessité ressentie par beaucoup de personnes (avant tout des prolétaires, mais aussi d'autres socialistes/communistes de l'époque), ce qui est confirmé par le fait que des tentatives allant dans le même sens ont été entreprises par d'autres qu'eux, parce que ces efforts de synthèse étaient dans l'air (du temps). Néanmoins, la manière précise dont ces synthèses et transcroissances ont été réalisées, leur contenu et leur dynamique exacts, dépendent dans une large mesure de la personnalité propre de ces deux fondateurs du marxisme. Comme c'est le plus souvent le cas, la "nécessité historique" est filtrée par des personnalités déterminées, qui ne peuvent pas la faire dévier de son cours fondamental, mais qui peuvent la marquer jusqu'à un certain point de leur empreinte, de leurs caractéristiques individuelles.

Ni Marx ni Engels ne furent des prolétaires. Le premier est le fils d'une famille de la petite-bourgeoisies cossue. Il est né en 1818: son père était un avocat libéral influent dans la ville rhénane de Trèves (Trier), descendant d'une vieille famille de rabbins, mais converti au christianisme pour des raisons de convenance personnelle et non de conviction. Du côté de sa mère et du côté de sa femme, Jennie von Westfalen, Marx était plutôt lié à la grande bourgeoisie qu'aux classes laborieuses. Son évolution vers le communisme n'est donc point déterminée par une expérience immédiatement vécue, ou par ses propres conditions d'existence misérables (qui sont postérieures à cette adhésion, et se situent essentiellement durant son deuxième exil a Londres, au cours des années 1850 et 1860; au cours des années 1870, sa situation matérielle s'améliore). Elle est essentiellement déterminée par le résultat d'un travail intellectuel et par des motivations morales.

Cela est encore plus vrai pour Friedrich Engels. Né en 1820, il provient d'une famille bourgeoise d'industriels du textile de Barmen, dans la Ruhr. Il vécut la plus grande partie de sa vie comme gérant d'une usine textile que sa famille possédait en Angleterre. Il vécut une vie confortable et laissa une importante fortune au moment de sa mort en 1895. Chez lui aussi, l'itinéraire vers le communisme est avant tout intellectuel et moral.

Mais chez les deux penseurs, l'évolution, la prise de conscience progressive, ne résulte pas d'un effort intellectuel détaché de la réalité conflictuelle courante. Leur motivation non seulement scientifique mais aussi morale provient justement d'une confrontation avec des situations sociales - misère ouvrière, révoltes ouvrières, luttes politiques - qui se développent devant leurs yeux et qui les influencent profondément. Elle résulte de ce fait aussi d'un engagement, celui de ne pas se comporter de manière purement interprétative, donc quiétiste et passive, devant la misère humaine en général et la "question sociale" en particulier. Marx et Engels se sont rapidement décidés à agir, à mettre leur activité en conformité avec leurs convictions, à tendre vers cette unité de la théorie et de la pratique qui devient à la fois un critère épistémologique (seule la pratique peut en dernière analyse confirmer le contenu de vérité d'une théorie) et une obligation morale.

Leur engagement pour et dans le mouvement ouvrier devient d'ailleurs la précondition pour qu'ils puissent effectuer la plus importante de leurs contributions à l'histoire: la fusion progressive du mouvement réel d'émancipation des travailleurs et des principaux acquis du socialisme scientifique.

De ce fait, l'itinéraire individuel de Marx et d'Engels s'entrecroise avec une série de rencontres, d'appréhensions de situations et de conflits, qui les orientent et les ré-orientent successivement. Jointes aux résultats de leurs analyses scientifiques critiques - c'est-à-dire d'un examen critique des données des principales sciences sociales de leur époque - ces rencontres détermineront leurs prises de position théoriques-politiques et l'évolution de celles-ci, du néo-hégélianisme au radicalisme politique petit-bourgeois, de la démocratie petite-bourgeoise au socialisme/communisme, et du communisme rudimentaire au socialisme/communisme scientifique et révolutionnaire de leur maturité.

(a) La rencontre avec la condition prolétarienne, avec la misère ouvrière. Elle se situe dés le début de l'activité journalistique de Marx comme rédacteur (ensuite rédacteur-en-chef) de la Gazette rhénane (Rheinische Zeitung) dès le lendemain de ses études universitaires, en 1842. Elle est encore plus nette chez Engels, confronté avec la condition ouvrière en Angleterre, dés son arrivée dans ce pays. Il en résultera la première oeuvre majeure des deux jeunes penseurs, La Situation de la Classe Ouvrière en Angleterre (1845) (Die Lage der Arbeitenden Klasse in England).

(b) La rencontre avec la résistance et l'organisation prolétariennes. Elle se situe essentiellement durant le premier exil de Marx à Paris, puis à Bruxelles, le contact avec des associations ouvrières à Paris et à Gand, mais surtout le contact avec les ouvriers de la Ligue des Justes à Paris, à Londres et à Bruxelles, dans les années 1846-1847. Chez Engels, le contact avec les groupements chartistes et des groupes ouvriers syndicalistes dans la région de Manchester sera déterminant, de même que des contacts plus épars avec des groupes ouvriers de la Ligue des Justes dans la Ruhr, le tout dans la période 1844-1847. Les deux fondateurs du marxisme seront en outre fort marqués par des explosions ouvrières contemporaines, avant tout la révolte des tisserands de Silésie de 1844.

(c) L'expérience directe de la révolution de 1848-1850, acquise grâce à la participation personnelle et active de Marx et Engels aux développements de la révolution en Allemagne, et à la manière directe et rapide dont ils suivirent les développements de la révolution en France, en Autriche, en Hongrie, en Italie, etc. C'est seulement après l'insurrection prolétarienne de juin 1848 et le bilan qu'ils tirent du rôle contre-révolutionnaire de la bourgeoisie allemande qu'ils arrivent à mettre au point une stratégie de prise du pouvoir fondée sur une logique de révolution permanente, en 1850.

(d) L'expérience d'une organisation révolutionnaire prolétarienne vivante - la Ligue des Communistes - entre 1847 et les premières années du deuxième exil de Marx a Londres. Cette expérience rendit beaucoup plus concrète la vision des deux amis de l'organisation prolétarienne, et les prépara et arma à comprendre les problèmes politico-organisationnels avec lesquels ils allaient être confrontés au cours des années 1860-1870 et ultérieures.

(e)  L'expérience  de  l'Association  Internationale des Travailleurs entre 1863 et 1873, et surtout l'effort pour y impliquer les syndicats anglais. Ce fut la première rencontre réelle de Marx et d'Engels avec des organisations de masse de la classe ouvrière et avec un milieu ouvrier idéologiquement et politiquement très diversifié, c'est-à-dire avec les problèmes du pluralisme et de la démocratie ouvrières.

(f) La rencontre, à partir des années 1860 mais surtout au cours des années 1870, avec de nouveaux progrès des sciences ethnologiques et naturelles - surtout à travers Darwin et Morgan - ce qui permet a Marx et Engels d'affiner leur conception du matérialisme historique.

(g) L'expérience de la Commune de Paris, qui fut sans doute la plus importante expérience politique durant la vie de Marx et d'Engels, celle qui contribua Ie plus à clarifier leur vision à la fois de la question théorique-politique de l'Etat, et de la question capitale des objectifs politiques de la révolution prolétarienne: l'établissement et la forme de la dictature du prolétariat.

(h)  L'expérience - plus exclusivement propre à Engels - de l'essor de la diversité et du potentiel d'unification des partis ouvriers de masse dans de nombreux pays au cours des années 1875-1895, et des nombreux problèmes stratégiques et tactiques qu'elle souleva.

Si la plupart de ces rencontres furent fécondes et même exaltantes pour les deux fondateurs du marxisme, si elles leur permirent de mettre a l'épreuve et de parfaire beaucoup de leurs conceptions politiques et de leurs hypothèses théoriques, il n'en reste pas moins vrai qu'à de multiples occasions, cette progression s'effectua à travers des conflits d'idées et de personnes, dans lesquels ils se trouvaient impliqués, souvent à contre-coeur. Cet aspect "fractionnel" de l'activité de Marx et d'Engels à été souvent dénoncé comme résultant de leurs défauts personnels, voire de leur "autoritarisme" ou même de leur "terrorisme intellectuel".

En réalité, toute l'histoire confirme que les idées et les organisations ne peuvent progresser qu'à travers la confrontation d'idées et de groupements, qui se différencient devant des événements ou des problèmes nouveaux. Penser qu'il puisse en être autrement, ce serait croire soit a l'absence de diversité des individus et des intérêts sociaux, soit à l'infaillibilité d'aucuns et à l'évidence de cette infaillibilité aux yeux de tous les autres. Une fois écartées ces deux hypothèses absurdes, les luttes de groupes et de tendances sont inévitables en politique en général, et en politique ouvrière en particulier.

Les conflits et les ruptures successives qui ont le plus influencé l'évolution intellectuelle de Marx et d'Engels sont, en ordre chronologique:

(a) Leur conflit avec les "jeunes hégéliens" contemplatifs et fondamentalement libéraux ainsi qu'avec Moses Hess, avec lesquels Marx et Engels rompent dans les années 1844-1845. Cette rupture est théoriquement exprimée dans L'Idéologie allemande et les Thèses sur Feuerbach (1845), véritable acte de naissance du marxisme. Elle s'appuie sur une appropriation critique étendue des acquis de la philosophie allemande et de l'historiographie sociologique française, mais sur une appropriation seulement partielle des acquis de l'économie politique anglaise.

(b) Le conflit avec le socialisme utopique de Proudhon et le communisme insuffisamment mûri de Weitling, qui s'étend sur la période 1846-1848. Il aboutit à la rédaction de la Misère de la Philosophie (1846) et du Manifeste Communiste (1848). Il est combiné avec des conflits de clarification - moins violents - au sein de la Ligue des Communistes, qui s'étendent au-delà de la révolution de 1848, jusqu'au début des années 1850.

(c) Le conflit - quelquefois sous forme d'appropriation intellectuelle critique, quelquefois sous forme de "dialogue intérieur" - avec les principaux représentants de l'économie politique post-ricardienne anglaise, Hodgkin, Ravestone et Gray, qui va déboucher sur la rédaction des principaux ouvrages économiques de Marx: les Grundrisse, Ie Capital et les Théories de la Plus-Value au cours des deux décennies allant de 1857 jusqu'a la mort de Marx.

(d) Le conflit avec Bakounine et ses partisans au sein de la Ière Internationale (1865-1873), qui se prolonge quelque peu après la défaite de la Commune de Paris.

(e) Le conflit avec les diverses tendances droitières au sein de la social-démocratie allemande, d'abord les lassalliens, puis les premiers représentants du gradualisme réformiste, qui va du congrès d'unification de Gotha de 1875 jusqu'à la mort de Marx, et qu'Engels prolongera lui-même tout au long des années 1880, jusqu'a sa propre mort en 1895. Les principaux produits de ces conflits sont la Critique du Programme de Gotha (1875) de Marx et l'Anti-Dühring (1879) d'Engels.

La chronologie de ces conflits apparaît comme une chronologie des principaux ouvrages de Marx et d'Engels. Seuls leurs écrits politiques (comme Le Dix-Huit Brumaire de Louis Bonaparte, Les Luttes de Classe en France, Révolution et Contre-Révolution en Allemagne), leurs écrits journalistiques, et les Origines de la Famille, de la Propriété Privée et de l'Etat, ainsi que la Dialectique de la Nature d'Engels, manquent à cette liste.

Sauf un voyage effectué par Engels aux Etats-Unis vers la fin de sa vie, l'expérience vécue des deux fondateurs du marxisme fut purement européenne. Leur pensée est profondément marquée par l'histoire sociale et intellectuelle propre de l'Europe. De ce fait, on leur a souvent reproché leur "euro-centrisme", voire leur particularisme allemand. Ces reproches ne sont pas fondés. Certes, le marxisme est un produit des contradictions venues à maturité de la société bourgeoise qui se sont incontestablement d'abord affirmées en Europe. Dans ce sens, il ne pouvait pas naître en Asie, en Amérique ou en Afrique, qui ne connurent tout au long du 19e siècle qu'un développement capitaliste rudimentaire.

Mais si le capitalisme est né en Europe, il avait dès le départ une dimension internationale, voire mondiale, qui le rendit dépendant de tout ce qui se passait sur d'autres continents. L'impact violent, désagrégateur, destructeur, inhumain que ce capitalisme a exercé sur les sociétés préca-pitalistes d'Amérique, d'Asie et d'Afrique dépasse de loin son impact similaire sur la société précapitaliste en Europe occidentale, méridionale, centrale et orientale. Marx et Engels étaient des savants trop rigoureux et des humanistes trop passionnés pour ne pas s'en apercevoir, s'en indigner, et se révolter contre ces crimes abominables.

La perception du "tiers-monde", de sa dégradation et de sa révolte inévitable, est donc rapidement introduite dans leurs écrits, même si elle n'occupe que peu de place dans leurs écrits de jeunesse. Il suffit de rappeler leurs prises de position résolues en faveur des Cipayes (Sepoys) indiens et des Taï-ping chinois, en faveur de l'émancipation des esclaves en général, pour rejeter l'accusation d'euro-centrisme. De même, ils qualifièrent l'expédition franco-hispano-britannique au Mexique "d'entreprise parmi les plus monstrueuses des annales de l'histoire internationale" (article du 23/11/1861, MEW, vol. 15, p. 366). L'étude de plus en plus poussée de l'histoire du "mode de production asiatique", de l'ethnologie, des particularités des civilisations et sociétés non-européennes, de la communauté villageoise russe (mir), occupe une place croissante dans le travail intellectuel de Marx et d'Engels au cours des deux dernières décennies de leur vie, et marqué leur oeuvre - y compris le Capital - de manière de plus en plus nette.

Simultanément, les sources internationales, l'activité résolument internationaliste des deux amis, permet de rejeter comme carrément calomniatrice l'accusation de nationalisme allemand qui leur fut adressée. Les sources du marxisme relèvent - sur le plan des idées - autant de l'Angleterre et de la France que de l'Allemagne. L'expérience et l'activité qui les situent dans la vie politique de leur temps s'est déroulée en France, en Belgique, en Angleterre, dans les pays de l'Empire austro-hongrois, autant qu'en Allemagne. Elle concerne également la Pologne, l'Irlande, la Hongrie, l'Espagne, la Suisse, voire les Etats-Unis et la Russie.

Quant à leur organisation, elle est dès le départ internationale et non purement allemande. C'est vrai pour la Ligue des Communistes. C'est vrai pour l'Association Internationale des Travailleurs. Ce sera encore plus vrai pour la social-démocratie internationale après 1885, débouchant sur la IIe Internationale. Dans les pays où leurs partisans commençaient à s'organiser, Marx et Engels ont oeuvré à ce qu'ils étudient la formation sociale concrète du pays, à ce qu'ils s'approprient les traditions de lutte locales et à ce qu'ils traduisent leur programme dans la langue des organisations ouvrières et contestaires existantes; c'est là le sens général de leurs Lettres aux Américains, de 1848 à 1885.

Une des grandes réussites de leur vie politique, source d'authentique et légitime fierté, a été la prise de position de leurs camarades allemands, Bebel et Liebknecht, contre l'annexion de l'Alsace-Lorraine par l'Allemagne en 1871, contre la première paix de Versailles. Il en fut de même, auparavant, de la prise de position de l'A.I.T., syndicats britanniques en tête, contre l'attitude pro-sudiste du gouvernement britannique au cours de la Guerre de Sécession aux Etats-Unis. Amener la classe ouvrière de chaque pays à développer sa propre politique étrangère, fondée sur ses intérêts de classe et quelques grands principes qui s'en dégagent ("aucun peuple ne peut être libre s'il en opprime un autre"), voilà une ambition constante de leur vie politique. Elle se situe aux antipodes de tout nationalisme, à commencer par un nationalisme allemand.

Marx et Engels étaient sans doute le produit de leur époque. Ils ne pouvaient en dépasser complètement toutes les limites subjectives, déterminées par des expériences encore trop fragmentaires de l'émancipation prolétarienne et humaine. Ils n'étaient pas infaillibles. Ils ne pouvaient pas tout comprendre, tout expliquer, tout prévoir, s'ils ont incontestablement compris, expliqué, prévu l'essentiel. Ils ont eu des défaillances.

Engels s'est trompé en traitant les petites nationalités slaves en 1848-1849 comme des "peuples sans histoire", incapables de constituer des Etats, voire des nations réellement indépendantes. L'histoire lui à donné tort à ce propos. Marx s'est trompé en applaudissant à l'annexion de la Californie et d'autres territoires mexicains par les Etats-Unis en 1845, caractérisant les Mexicains comme des paresseux incapables d'exploiter les richesses naturelles de ces territoires. Il a véhiculé à ce propos un préjugé raciste.

Dans les deux cas, une application judicieuse du matérialisme historique aurait permis d'expliquer le comportement des uns et des autres au cours des années 1845-1855 d'une manière bien différente de celle utilisée par Marx et Engels. Elle aurait permis d'expliquer la deuxième révolution mexicaine (la Réforme), principalement dirigée par Benito Juarez, qui succéda à la guerre entre les Etats-Unis et le Mexique jugée par Marx. Elle aurait permis d'expliquer la naissance d'une gauche tchèque et serbo-croate, antitsariste, démocratique, à la fois farouchement nationale et socialiste, dont Engels avait nié la possibilité. Dans ces deux cas, Marx et Engels ont été insuffisamment marxistes. Il fallait interpréter avec des critères de classe des phénomènes politiques apparemment déroutants, comme Ie revirement des paysans et de l'intelligentsia tchèque et croate au cours de la révolution de 1848, comme l'apparente passivité de la paysannerie mexicaine devant la conquête yankee.

De même, tout en ayant une perception aiguë de la double oppression que les femmes subissent dans la société de classe, et en prolongeant l'analyse des origines de cette oppression jusqu'aux origines de l'avènement de cette société, Marx et Engels n'ont pas pu embrasser tous les aspects de l'émancipation féminine nécessaire qui n'émergèrent progressivement qu'au 20e siècle.

Cela étant dit, le bilan global de l'activité tant théorique que pratique des deux amis est plus qu'impressionnant. Leur contribution personnelle au progrès des sciences sociales, à l'émancipation prolétarienne et humaine se situe au sommet de la réussite humaine. Sans eux, l'histoire du 19e et du 20e siècle n'aurait pas été ce qu'elle a été.

 

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